L’invention puis l’utilisation des armes du Kobudo d’Okinawa, historiquement connue sous le nom de « Ti-gua« , est indissociable de l’histoire de ce groupe d’îles et du peuple indigène qui l’a créé ; au fur et à mesure de ses besoins, notamment sous l’effet de contraintes socio-historiques parfois très importantes.
Les techniques du Kobudo, comme le rappellent à juste titre tous les maîtres d’Okinawa, ont été trouvées puis transmises pour faire face aux menaces et aux exactions des troupes d’occupation, au péril permanent de la vie des pratiquants. Nous ne pourrons jamais imaginer quelle dose de courage et de ténacité il a fallu développer pour cela ; notre société vivant heureusement une période de paix et de sécurité quasi absolue. Mais tout pratiquant, même débutant, se doit de connaître le contexte de ces époques difficiles pour accueillir avec tout le respect qui leur est dû ces anciennes techniques.
Aujourd’hui, beaucoup de pratiquants y voient une activité sportive variée et, par bien des aspects, agréable et ludique. Elle vient fort heureusement, sinon distraire, au moins diversifier la pratique du Karaté. Cet aspect, qui pourrait être jugé futile et quelque peu irrespectueux, ne doit pas être méprisé ou ignoré. Le jeu n’est-il pas le début de tout apprentissage ? Ne faut-il pas d’abord se « familiariser » avec ces outils étranges qui nous rendent gauches et maladroits aux premiers essais ? La montagne n’a qu’un sommet mais bien des chemins y mènent.
Ce descriptif des armes du Kobudo n’a pas la prétention d’être exhaustif. Son objectif est de vous aider à faire un peu de chemin avec nous. S’il parvient à vous faire désirer d’en savoir plus, voire à pratiquer, nous en serions très heureux. La présentation classique reprend les armes dans l’ordre standard d’apprentissage au dojo, en commençant par les quatres armes fondamentales :
- le Bō ou « bâton » : la « mère de toutes les armes » selon les traditions chinoises ;
- les Saï ou « tridents de fer » : armes qui se manient par paires ;
- les Tonfa ou « béquilles » : terme impropre car désignant une arme chinoise, certes proche, mais beaucoup plus grande ;
- le Nunchaku ou « fléau » : il s’agit en fait d’une arme imaginée à partir d’un fléau ; lequel, comme celui de nos ancêtres, comporte une branche plus longue que l’autre ;
Ces 4 armes, bien assimilées, permettent ensuite de progresser rapidement dans la compréhension de presque toutes les autres. En effet, ces armes de basent démontrent la notion de distance ; très importante en combat. A partir de ces quatre armes fondamentales, le kobudoka pourra, au fur et à mesure de sa progression, étendre ses connaissances en appliquant les principes de base à de nombreuses autres armes outils ou armes de Kobudo. Un essai de classification par domaine pourra sans doute vous donner un aperçu de cet univers passionnant et toujours renouvelé.